Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/240

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aussi, marquis, et surtout vous, madame ma fille. Je compte sur le secret de ce que je vais confier ici à tous gens d’honneur et de prudence. J’ai doublé ma fortune dans cette dernière campagne. C’était là mon but principal et je l’ai touché bel et bien, tout en servant ma cause à mes risques et périls.

» J’ai battu de mon mieux les mauvaises gens et contribué, tout comme un autre, à la paix honorable que le roi nous accorde. Donc, monsieur d’Ars, si vous me faites honneur en me demandant mon alliance, c’est seulement par votre nom et votre mérite ; car je suis peut-être aussi riche que vous.

» Et vous, mon ami Sylvain, si vous me marquez votre amitié par la même recherche, sachez que ce n’est point votre trésor qui me peut éblouir ; car j’ai aussi le mien, trois vaisseaux sur la mer, et tout pleins d’or, argent et marchandises, comme dit la chanson du pays.

» Donc, mes beaux et chers seigneurs, vous me donnerez le temps de la réflexion pour vous répondre, et ma fille, sachant à cette heure qu’elle n’est point trop malaisée à établir, se consultera et décidera en dernier ressort. »

Sur cette conclusion, on n’avait plus qu’à se donner le bonsoir.

Guillaume, en homme du monde, tourna en plaisanterie les prétentions de Mario, mais sans aigreur ni malice ; car l’enfant était monté à lui en demander raison, et Guillaume l’aimait trop pour vouloir l’irriter à ce point.

Il s’en alla avec l’espoir assez vraisemblable de l’emporter sur un rival qui ne lui venait pas à l’épaule.

Mario dormit mal et n’eut point d’appétit le lendemain. Son père l’emmena, craignant qu’il ne tombât