Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/252

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ne se souvenant plus du degré de parenté entre les beaux messieurs de Bois-Doré, lui demanda si c’était par économie qu’il habillait son petit-fils des rognures de ses étoffes. Mario comprit les dédains du grand vassal et se sentit plus royaliste que jamais.

Lauriane avait désiré aussi voir pour la première fois de sa vie une très-grande fête. Son père n’ayant pas pris part à la nouvelle révolte des huguenots, et, d’ailleurs, une nouvelle paix avec eux étant signée depuis trois mois, ils pouvaient se montrer sans danger. Il fut convenu que l’on irait tous ensemble.

Repas splendides, trophées avec distiques latins et anagrammes en l’honneur du petit prince, régiments d’enfants bravement équipés et manœuvrant très-bien pour lui faire escorte, motets chantés, harangues des magistrats, présentation des clefs de la ville, concerts, danses, comédie donnée par le collége des jésuites, anges descendants des arcs de triomphe et présentant de riches cadeaux au jeune duc (c’est-à-dire à monsieur son père, qui ne se fût point contenté de dragées), manœuvres de la milice, cérémonie et réjouissances, tout cela dura cinq jours.

On y vit de grands personnages.

Le célèbre et beau Montmorency (celui que Richelieu envoya plus tard à l’échafaud) et la princesse douairière de Condé (dite l’empoisonneuse) y représentèrent le parrain et la marraine, qui n’étaient pas moins que le roi et la reine de France. M. le duc reçut le baptême en chrémeau (petit bonnet de pierreries) et en longue robe de drap d’argent. Le prince de Condé portait un habit gris de lin tout battu d’or et d’argent.

Les beaux messieurs de Bois-Doré furent invités par M. Biet à se placer sur l’estrade de la grande noblesse,