Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/253

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non qu’ils fussent des meilleurs amis de la petite cour mais à cause de leur belle tenue, qui faisait honneur au spectacle.

La beauté de Mario fut encore plus remarquée que son costume. Lauriane entendit les dames (et notamment la belle et jeune mère du petit prince) faire leurs observations sur les grâces de ce charmant adolescent. Elle se sentit troublée pour la première fois, comme si elle eût été jalouse des regards et des sourires dont il était le but.

Mario n’y faisait nulle attention. Il regardait l’enfant princier avec curiosité. L’enfant était laid et malingre ; mais il y avait beaucoup d’intelligence dans ses yeux et de décision dans ses mouvements.

Le 6 mai, comme nos personnages se préparaient au départ, de Beuvre prit le marquis dans l’embrasure d’une fenêtre.

Ils étaient descendus chez un ami.

— Çà, lui dit-il, il en faudra finir et prendre un parti.

— Ayez patience ! Les chevaux seront bientôt prêts, lui répondit Bois-Doré, qui le crut pressé de reprendre le chemin de sa châtellenie.

— Vous ne m’entendez point, mon voisin ; je dis qu’il faudrait se décider à marier nos enfants, puisque c’est leur idée et la nôtre. Je vous dois confier que je vais faire encore un voyage. Je ne suis venu ici que pour m’entendre avec des gens qui me promettent de bonnes affaires en Angleterre, et, si je dois encore vous confier ma Lauriane, autant vaudrait qu’elle fût mariée avec votre héritier. C’est bonne chance pour lui ; car mes vaisseaux vont faire des petits, à ce que l’on m’assure, et la paix ne fera que donner carrière à la piraterie anglo-protestante. Ma fille eût donc pu prétendre