Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/272

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— Ce qui est défaut chez votre magnifique bête est qualité chez la mienne, répondit l’inconnu. Comme je voyage presque toujours seul, j’avance sans que personne ait à me reprocher d’épuiser ma monture. Mais puis-je vous demander, monsieur, où j’ai eu l’honneur de vous voir ? Votre agréable figure ne m’est point tout à fait nouvelle.

Mario regarda attentivement le cavalier et lui dit :

— La dernière fois que j’eus l’honneur de vous voir, c’était à Bourges, il y a quatre ans, au baptême de monseigneur le duc d’Enghien.

— Alors vous êtes, en effet, le jeune comte de Bois-Doré ?

— Oui, monsieur l’abbé Poulain, répondit Mario en portant encore une fois la main à son feutre empanaché.

— Je suis heureux de vous retrouver tel que vous êtes, monsieur le comte, reprit le recteur de Briantes ; vous avez grandi en taille, en bonne mine et aussi en mérite, je le vois à vos manières. Mais ne m’appelez point abbé ; car, hélas ! je ne le suis point encore, et il est possible que je ne le sois jamais.

— Je le sais que M. le Prince n’a jamais voulu entendre à votre nomination ; mais je pensais…

— Que j’avais trouvé mieux que l’abbaye de Varennes ? Oui et non ! En attendant un titre quelconque, j’ai réussi à quitter le Berri, et le hasard m’a attaché à la fortune du cardinal par le service du père Joseph, auquel je me suis dévoué corps et âme. Je puis vous dire, entre nous, que je suis un de ses messagers ; et voilà pourquoi j’ai un bon cheval.

— Je vous en fais mon compliment, monsieur. Le service du père Joseph ne peut être qu’un travail de