Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/273

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bon Français, et la fortune du cardinal est le destin de la France.

— Dites-vous bien ce que vous pensez, monsieur Mario ? dit l’ecclésiastique avec un sourire de doute.

— Oui, monsieur, sur mon honneur ! répondit le jeune homme avec une franchise qui triompha des soupçons de l’agent diplomatique. Je ne souhaite point que M. le cardinal sache qu’il a, en mon père et en moi, deux admirateurs de plus ; mais faites-nous la grâce de nous croire assez bons Français pour vouloir servir de nos corps et de nos âmes, aussi bien que vous, si nous pouvons, la cause du grand ministre et du beau royaume de France.

— Je crois en vous très-fermement, reprit M. Poulain, mais moins en monsieur votre père ! Par exemple, il ne vous envoya point, l’an passé, au siège de la Rochelle ! Vous étiez encore bien jeune, je le sais ; mais de plus jeunes que vous y étaient, et vous dûtes ronger votre frein en manquant au glorieux rendez-vous de toute la jeune noblesse de France.

— Monsieur Poulain, répondit Mario avec quelque sévérité, je vous croyais lié à mon père par la reconnaissance. Tout ce qu’il a pu faire pour vous, il l’a fait, et, si l’abbaye de Varennes a été sécularisée au profit de M. le Prince, vous ne pouvez en accuser mon père, lequel a été largement frustré dans cette affaire.

— Oh ! je n’en doute point ! s’écria M. Poulain ; je m’en rapporte au prince de Condé pour savoir embrouiller les comptes ! aussi je ne m’en prends qu’à lui. Quant à votre père, sachez, monsieur le comte, que je l’aime et l’estime toujours infiniment. Loin d’avoir la pensée de lui nuire, je donnerais ma vie pour le savoir rattaché, sans arrière-pensée, à la cause catholique.