Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/28

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— Ne faites rien pour moi, reprit M. Lenet en voyant qu’il donnait des ordres pour son souper. Je dois me rendre en un château où je suis attendu. J’ai été retardé par les mauvais chemins, et vous prie d’excuser l’heure à laquelle je viens chez vous. Mais j’avais pour vous une commission assez délicate dont il faut que je m’acquitte.

Lauriane et Mario, qui se tenaient dans le boudoir, entendant qu’il s’agissait d’affaires, se levèrent pour traverser le salon et se retirer.

— Ce sont là vos enfants, monsieur de Bois-Doré ? dit la voyageur en leur rendant le salut qu’ils firent en passant devant lui. Je vous avais toujours cru garçon. Êtes-vous marié ou veuf ?

— Ni l’un ni l’autre, répondit le marquis, et pourtant je suis père. Voici mon neveu, qui est mon fils d’adoption.

— Et voici ce dont il s’agit, reprit le conseiller d’un air bénin et d’un ton caressant, lorsque les enfants furent sortis. Je suis chargé par M. le Prince, qui est votre seigneur et le mien, et à qui de père en fils ma famille est fort attachée, d’éclaircir une affaire assez fâcheuse qui vous concerne. J’irai droit au fait. Vous avez fait disparaître un certain M. Sciarra d’Alvimar, qui fut votre hôte comme je le suis, avec cette différence qu’il n’avait point de monde avec lui, comme j’en ai pour protéger ma personne et mon mandat ; car je dois bien vous faire assavoir que, sous cette fenêtre, sont vingt hommes bien armés, et dans votre bourg, vingt autres tout prêts à leur venir en aide, si vous ne receviez pas comme il convient l’envoyé du gouverneur et grand-bailli de la province.

— Cet avertissement est superflu, monsieur Lenet, répondit Bois-Doré avec beaucoup de calme et de politesse ;