Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/287

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nom avec une pointe. C’est mon talisman. Quand je ne l’aurai plus, je mourrai !

— Allons, allons, dit Mario, assez de folies ! Que veux-tu maintenant ? Pourquoi es-tu revenue ici au péril de ta vie, et pourquoi m’attendais-tu à cette porte ? Rends-moi cette pièce de monnaie, et prends, pour les dépenser, ces pièces d’or dont tu peux avoir besoin.

— Garde ton or, Mario : je n’en ai pas besoin, moi ; je veux garder et je garderai ton gage, bien que tu rougisses de savoir ton nom écrit sur ma poitrine. Je suis venue ici pour te raconter mon histoire, il faut que tu l’entendes.

— Dis-la donc vite : la nuit est très-froide et j’ai sommeil.

— Je ne veux la dire qu’à toi, et ton page nous écoute. Viens avec moi hors des murailles.

— Non ; mon page dort contre la porte. Parle ici et hâte-toi, ou je te quitte.

— Écoute-moi donc, j’aurai vite tout dit. Tu sais que mon père a été pendu et ma mère brûlée !

— Oui, je me souviens que tu me le disais souvent. Après ?

— Après ? La Flèche m’a élevée pour me faire souffrir. C’est lui qui me rompait les os pour me rendre plus souple, et qui me portait dans une cage pour me rendre malade et furieuse. Il me montrait comme une bête désespérée qui mord tout le monde.

— Mais tu t’es affreusement vengée de lui ?

— Oui, je l’ai étouffé avec du sable, des cailloux et de la terre, comme il criait : — « Au secours ! j’ai soif ! j’ai soif ! Il avait un bras qui remuait encore et dont il voulait m’étouffer aussi. Mais, au péril de ma vie, je lui ai fait rentrer dans la gorge ce qu’il gardait de la sienne. Ne