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LXXII


Le cardinal lut la dépêche.

C’était quelque bonne nouvelle : peut-être le chiffre des forces insuffisantes que Gonzalez de Cordoue avait devant Casal ; peut-être une conspiration des reines contre le pouvoir qui sauvait la France.

Quoi qu’il en fût, le cardinal ferma la dépêche avec un malin sourire et leva les yeux sur Mario en disant :

— Les destins propices ont fait si bien les choses, en ce jour, qu’ils ont choisi pour messager un archange. Qui êtes-vous, monsieur, et d’où vient que vous êtes porteur d’une telle dépêche ?

— Je suis un gentilhomme volontaire, répondit Mario. J’ai pris cette dépêche dans une main mourante, tendue vers moi au milieu de la chasse que nous donnions à l’ennemi. On m’a dit : « Le service du roi avant tout. » Je n’ai pu approcher du roi, j’ai pensé que j’approcherais de Votre Éminence.

— Vous avez donc pensé, reprit le cardinal, que c’était tout un, en ce sens que le roi ne peut avoir de secrets pour son ministre ?

— J’ai pensé qu’il n’en devait point avoir, répondit tranquillement Mario.

— Comment vous nommez-vous !

— Mario de Bois-Doré.

— Vous avez… quel âge ?

— Dix-neuf ans.