Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/298

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que je portais, et qu’il a réussi à sauver, m’assure une place moins périlleuse et plus relevée dans la confiance du père Joseph, c’est-à-dire du cardinal.

» Je viens vous payer ma dette et vous annoncer que votre unique ambition, à vous, est satisfaite. Le roi ratifie vos droits au marquisat de Bois-Doré, à la seule condition que vous construirez sur vos terres une maison quelconque, à laquelle vous donnerez ce nom, et qui, par lettres royaux, sera transmissible à vos hoirs et à leurs descendants. Son Éminence espère que vous continuerez la guerre avec elle, si la guerre continue, et, au premier moment de loisir qu’elle aura, elle vous mandera en sa présence pour vous complimenter du grand courage et dévouement du vieillard et de l’enfant : je vous demande pardon, ce sont ses paroles. M. le cardinal vous avait remarqués tous les deux, et depuis il s’est enquis de vos noms. Il avait été content aussi de vous en particulier, monsieur le comte, pour ce que vous ne lui demandiez en récompense, que des batailles.

» J’ai eu le bonheur de paraître devant lui, de ma chétive personne, de lui faire le récit de mes dangers et des vôtres, sans oublier qu’à onze ans, vos occîtes de votre main l’assassin de votre père ; enfin, je lui rappelai qu’il devait une nouvelle utile autant qu’agréable à ce même enfant, aussi avisé que brave. Vous voilà donc en bon chemin, monsieur Mario. Si peu que je sois, je vous y pousserai de toutes mes forces si l’occasion se retrouve. »

Malgré le vif désir qu’éprouvait le marquis de présenter Mario au cardinal, Mario ne voulut pas attendre le jour éventuel de l’entrevue promise.

Après avoir vivement remercié l’abbé Poulain (celui-ci disait tout bas, en souriant, qu’on pouvait désormais