Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/304

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— Je vous demande pardon, dit-elle avec émotion ; mais, si une ressemblance ne m’abuse pas, vous êtes Mario de Bois-Doré ?

— Et vous êtes Lauriane de Beuvre ? s’écria Mario éperdu.

— Comment se fait-il que vous me reconnaissiez, Mario ? dit Lauriane en détachant son masque. Voyez comme je suis changée !

— Oui, dit Mario ravi, vous n’étiez pas de moitié si belle !

— Ah ! ne vous croyez pas obligé a cette galanterie, dit Lauriane. La mort de mon père, les souffrances de mon parti et la chute de tous les miens m’ont faite vieille plus que les années. Mais parlez-moi de vous et des vôtres, Mario !

— Oui, Lauriane ; mais prenez mon bras et conduisez-moi où vous demeurez, car il faut que je vous parle, et à moins que vous n’ayez ici une bonne protection, je ne vous quitterai pas.

Lauriane s’étonna de l’air animé de Mario ; elle accepta son bras, et lui dit :

— Je ne pourrais pas, quand je voudrais, vous conduire maintenant jusque dans mon asile. C’est ce couvent que vous voyez sur le haut du plateau. Mais vous pouvez m’accompagner jusqu’à la porte, et, chemin faisant, nous nous instruirons l’un l’autre de ce qui vous concerne.

Pressée de s’expliquer la première, elle raconta à Mario qu’après la prise de La Rochelle, n’ayant pu obtenir de se dévouer à partager la captivité de madame de Rohan, elle avait voulu retourner en Berry. Mais on lui avait fait savoir à temps que le prince de Condé avait donné des ordres pour la faire arrêter de nouveau, au cas où elle y reparaîtrait.