Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/313

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Mario depuis leur séparation, et qu’elle porterait son deuil toute sa vie.

« Car c’est de ce jour, disait-elle, que, de vrai, je me sens veuve ! »

— Vous ne l’êtes point, vous ne le serez plus, ma Lauriane, dit le marquis en lui détachant pour un instant son petit chaperon noir. Je n’ai jamais souhaité d’autre fille que vous, et nous allons faire les noces à Briantes.

Je vous laisse à penser quelle fête ce fut au manoir quand on y vit revenir ensemble les beaux messieurs de Bois-Doré, Lauriane, Adamas, Aristandre, et même Clindor, qui, pour mieux secouer le charme jeté sur lui par la bohémienne, se hâta de faire la cour à toutes les villageoises.

Le mariage des deux enfants bien-aimés du bon M. Sylvain ne pouvait cependant pas être célébré publiquement avant que Lauriane eût fait sa soumission au roi et obtenu sa grâce, car elle s’était posée en rebelle dans un moment de désespoir ; et, malgré le crédit de M. Poulain, le roi fut inflexible tant que dura la guerre du Midi avec les protestants.

Elle fut courte et sanglante. Ce fut le dernier soupir du parti en tant que faction politique.

« Sur les ruines de ce parti écrasé, Richelieu fit jurer au fils de Henri IV le maintien de la liberté religieuse proclamée par son père[1]. »

On put alors présenter à Louis XIII la requête du marquis de Bois-Doré pour sa belle-fille.

À cet effet, Mario se rendit lui-même à Nîmes, où le roi venait de faire une entrée triomphale avec Richelieu. M. de Rohan partait pour Venise.

Mario obtint que sa femme rentrerait dans ses biens

  1. Henri Martin