Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/312

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s’élançait dans le parloir et pressait tour à tour Mario et Lauriane dans ses bras.

Il n’avait pas reçu le courrier de Clindor, mais la lettre de Lauriane ; et comme la paix était signée et qu’il s’en retournait en Berry, il venait la chercher à son couvent pour la ramener avec lui. Il fut donc fort surpris de trouver là Mario, qu’il croyait déjà rendu à Briantes.

On s’expliqua ; puis Mario, encore très-ému, dit au marquis :

— Vous arrivez bien, mon père. Voilà Lauriane qui croit que vous ne l’aimez point !

On s’expliqua encore. Le marquis voyait l’agitation et la douleur de Mario, et il souriait.

Tout à coup, Lauriane comprit ce sourire.

— Mon marquis, s’écria-t-elle en rougissant et en tremblant, rendez-moi la lettre que je vous ai écrite quand j’ai cru à la mort de votre fils ! Rendez-la-moi, je le veux, ne la montrez pas…

— Non, non, répondit le marquis en tendant, d’un air narquois, la lettre à Mario ; il ne la verra jamais, à moins, pourtant, qu’il ne me l’arrache des mains… ce dont il est bien capable, comme vous le voyez !




LXXIV


La lettre était courte et désolée ; Mario l’eut bientôt dévorée des yeux, tandis que Lauriane cachait sa tête sur l’épaule du vieillard.

Lauriane, dans un premier mouvement d’amère douleur, avait écrit au marquis qu’elle avait toujours aimé