Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/316

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premier auprès de ce reste de brasier, d’où s’exhalait une odeur âcre, insupportable.

— Que cherchez-vous donc là, la mère ? lui dit-il, et que vient-on de brûler ici ?

— Oh ! rien, mon beau monsieur ! rien qu’une sorcière qui nous donnait la fièvre avec son regard toutes les fois qu’elle passait. Nos hommes en ont fait une fin, et, moi, je cherche si elle n’a pas laissé son secret dans les cendres.

— Quoi, son secret ? dit Mario révolté du sang-froid de cette parque.

— C’est, répondit la vieille, qu’elle avait au cou quelque chose qui brillait, et qu’elle a perdu en se débattant, quand on l’a mise au feu. Alors elle a crié : « Je ne l’ai plus, je suis perdue ! » Ça doit être une amulette pour se garantir de malemort, et je la voudrais trouver.

— Tenez, dit Mario en ramassant une pièce de monnaie percée qui brillait à ses pieds, est-ce cela ?

— Oui, oui, c’est cela, mon beau monsieur ! Donnez-la-moi pour la peine que j’ai bien attisé le feu.

Mario jeta loin de lui la pièce de monnaie, par un mouvement d’horreur insurmontable. Il venait d’y lire un nom gravé avec une pointe. C’était le talisman de Pilar. Il ne restait d’elle que ce témoignage de son fatal amour, quelques petits ossements calcinés, et l’âcre odeur de chair brûlée répandue dans l’atmosphère.

Mario, saisi d’épouvante et de pitié, s’éloigna rapidement, sans vouloir donner à Clindor, qui le questionnait, le mot de cette infernale énigme, et, pendant une partie du voyage, il resta sous la pénible impression de cette horrible rencontre.

Mais, aux approches de son manoir, on pense bien