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Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/62

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quand il assurait que monsieur avait encore de galantes aventures.

— Il doit y avoir à cette ferme, dit-il tout bas à Clindor, chemin faisant, quelque bergère de bonne mine !

Il se confirma dans cette ingénieuse idée quand son maître lui défendit de parler de sa course à travers les prés.

Au lieu de s’arrêter à Ars, le marquis fit courir droit sur Briantes. Il était surpris, et un peu honteux déjà, du moment d’effroi qui l’avait entraîné à quitter Brilbault sans rien éclaircir.

— Si j’en parle, on se moquera de moi, pensa-t-il ; on se dira tout bas que l’âge me fait radoter. Mieux vaut ne confier ceci à personne ; et, comme, après tout, il m’importe peu que Brilbault soit au pouvoir d’une bande de bateleurs ou de sorciers, je chercherai pour Lucilio quelque autre gîte plus paisible.

À mesure qu’il approchait de chez lui, son esprit reposé s’interrogeait sur ce qu’il avait éprouvé.

Ce qui le frappait, c’est d’avoir été surpris par la peur dans un moment où rien ne l’y avait disposé, et où, bien au contraire, il s’était senti en train de rire des facéties de ces lutins et de la bizarrerie divertissante de leurs portraits sur la muraille.

Par suite de ses réflexions à ce sujet, il arrêta Aristandre devant les prés Chambon, et descendit à pied le court sentier qui conduisait à la chaumière de la jardinière Marie, dite la Caille-Bottée.

Cette chaumière existe encore ; elle est encore occupée par des maraîchers. C’est une maisonnette vermoulue, flanquée d’une tourelle d’escalier en pierres sèches. Le gentil verger, tout entouré de haies bourrues et de