Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/63

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folles ronces, est, à ce que l’on assure, un cadeau de M. de Bois-Doré à la Caille-Bottée.

Il trouva là le frère oblat, partageant la pitance du couvent avec sa maîtresse, qui partageait avec lui le vin et les fruits de son jardin.

Leur association n’était cependant pas ostensible ; ils y mettaient quelque précaution, afin de n’être pas « commandés de se marier, » et, par là, de perdre le privilége d’invalide que Jean le Clope avait au couvent des Carmes.

— Ne craignez rien, mes amis, dit le marquis en surprenant leur tête-à-tête. Nous avons des secrets ensemble, et je vous veux seulement dire deux mots…

— Présent, mon capitaine ! répondit Jean le Clope en sortant de dessous la table, où il s’était réfugié ; je vous prie de me pardonner, mais je ne savais qui approchait de la maison, et l’on fait tant de propos sur mon compte !

— Bien injustes, assurément ! dit en souriant le marquis. Mais réponds-moi, mon ami ; je ne t’ai pas revu depuis certain événement. Je t’ai fait remettre une petite récompense par Adamas, à qui tu as juré d’avoir exécuté fidèlement mes ordres. Ayant un moment ce soir pour te parler sans témoins, je souhaite savoir de toi quelques détails sur la manière dont tu as fait les choses.

— Quoi, mon capitaine ? il n’y a pas deux manières d’enterrer un mort, et j’y ai fait office de chrétien aussi chrétiennement que l’eût fait le prieur de ma communauté.

— Je n’en doute pas, mon camarade ; mais as-tu été prudent ?

— Mon capitaine doute de moi ? s’écria l’invalide avec une sensibilité qui se développait particulièrement en lui après souper.