Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/64

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— Je doute, non pas de ta discrétion, Jean, mais un peu de ton adresse à cacher cette sépulture ; car la mort de M. d’Alvimar est aujourd’hui connue de mes ennemis, et pourtant je ne saurais douter de la fidélité de mes gens, non plus que de la tienne.

— Hélas ! monsieur le marquis, vos gens n’étaient pas seuls dans le secret, observa judicieusement la Caille-Bottée ; ceux de M. d’Ars ont pu parler, et, d’ailleurs, ne cherchiez-vous pas, cette nuit-là, un homme que vous vouliez tenir et qui s’est échappé ?

— Il est vrai ; c’est celui-là seul que j’accuse. Je ne viens point, mes amis, pour vous faire des reproches, mais pour vous demander où, quand et comment vous avez donné la sépulture à ce cadavre.

— Où ? dit Jean le Clope en regardant la Caille-Bottée. C’est en notre jardin, et, si vous voulez voir la place…

— Je n’en suis point curieux. Mais faisait-il nuit grande ou petit jour ?

— C’était environ sur les… deux ou trois heures du matin, dit le frère oblat avec un peu d’hésitation, en regardant encore la vieille fille grêlée, qui semblait, de l’œil, lui souffler ses réponses.

— Et vous ne fûtes vus de personne ? dit encore Bois-Doré examinant avec attention l’un et l’autre.

Cette question troubla tout à fait le frère oblat, et le marquis surprit de nouveaux regards d’intelligence entre lui et sa compagne.

Il devenait évident pour lui qu’ils craignaient d’avoir été vus, et que, dans la crainte d’être contredits par un témoin digne de foi, ils n’osaient donner des détails sur la manière dont ils avaient rempli les intentions du marquis.

Celui-ci se leva et renouvela la question d’un air d’autorité.