Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/73

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— C’est bien, c’est bien ! s’écria le marquis. Nous tenons là de quoi brouiller notre ami Poulain avec M. le Prince, et tous deux avec la mémoire de ce cher M. d’Alvimar. Dieu sait que mon goût serait de laisser ce défunt tranquille ; mais, si l’on nous menace de le venger, nous le ferons connaître aux bons amis qui le plaignent.

— C’est fort bien, dit la gentille madame de Beuvre, à la condition que vous pourrez prouver que ces notes sont écrites de sa main !

— Il est vrai, répondit le marquis ; sans cela, nous ne tenons rien qui vaille. Mais, sans doute, Guillaume nous pourra procurer quelque lettre signée de lui ?

— Il est probable ; et il faudra vous en inquiéter bien vite, mon marquis !

— Alors, dit le marquis en lui baisant la main pour lui souhaiter le bonsoir, — car elle s’était levée pour se retirer, — je retournerai demain chez Guillaume, et, en attendant, gardons bien nos preuves et nos moyens.

Le lendemain, en s’éveillant, le marquis vit entrer chez lui Lucilio, qui lui remit une page écrite par lui à son intention.

Le pauvre muet voulait s’en aller pendant quelque temps, afin de ne pas attirer plus vite sur son généreux ami l’orage qui les menaçait tous deux.

— Non, non ! s’écria Bois-Doré très-ému ; vous ne me causerez point cette douleur de me quitter ! Le danger est ajourné, cela nous est bien prouvé à tous, et les notes de M. d’Alvimar sont faites pour me rassurer tout à fait sur mon affaire. Quant à vous, croyez que vous ne devez rien craindre du prince, ayant si bien annoncé la mort du favori. D’ailleurs, quels que soient les risques pour vous d’être ici, je crois qu’ailleurs ils seraient