Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/188

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tait pas de bien distinguer sa figure, et, d’ailleurs, une femme en paniers et en falbalas ressemble si peu à une nymphe de la renaissance, que je me défendis de toute illusion et me levai pour la saluer comme une simple mortelle.

Elle me salua aussi, hésita un instant à m’adresser la parole, puis enfin elle s’y décida et je tressaillis au son de sa voix qui faisait vibrer tout mon être. C’était la voix d’argent, la voix sans analogue sur la terre, de ma divinité. Aussi fus-je muet et incapable de lui répondre. Comme devant mon immortelle, j’étais enivré et hors d’état de comprendre ce qu’elle me disait.

Elle parut très-embarrassée de mon silence, et je fis un effort pour sortir de cette ridicule extase. Elle me demandait si je n’étais pas M. Just Nivières.

— Oui, madame, lui répondis-je enfin ; je vous supplie de me pardonner ma préoccupa-