Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mières, vis-à-vis de la cheminée et le dos tourné à mon lit.

À mesure que ma vue s’habituait à cette lueur, je croyais reconnaître, dans ces trois ombres, des femmes vêtues ou plutôt enveloppées de voiles d’un blanc verdâtre, très-amples, qui par moments me semblaient être des nuages, et qui leur cachaient entièrement la figure, la taille et les mains. Je ne sais si elles agissaient, mais je ne pouvais saisir aucun de leurs mouvements, et cependant le cliquetis des carafes continuait, comme si elles les eussent poussées et heurtées, selon une sorte de rhythme, contre la corbeille de porcelaine.

Après quelques instants accordés, je le confesse, à une terreur très-vive, je pensai que j’étais dupe d’une mystification, et j’allais sauter résolument au milieu de la chambre pour faire peur à qui voulait m’effrayer, lorsque, me souvenant que dans cette maison je ne pouvais avoir