Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/85

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plus que les corps n’ont de prise sur les ombres, puisque j’ai saisi la manche d’une de ces demoiselles, sans lui trouver aucune espèce de bras. Depuis ce moment, que je n’oublierai jamais, et qui a changé toutes mes idées sur les choses de ce monde et de l’autre, je me suis bien juré de ne plus braver la faiblesse humaine. Je ne me soucie pas du tout de devenir fou. Tant pis pour moi si je n’ai pas la force morale de contempler froidement et philosophiquement ce qui dépasse mon entendement ; mais pourquoi m’en ferais-je accroire ? J’ai commencé par me moquer, j’ai appelé et provoqué l’apparition en riant. L’apparition s’est produite. Bonjour ! j’en ai assez d’une fois, on ne m’y reprendra plus.

On peut croire que j’étais vivement frappé de ce que j’entendais. L’abbé y mettait une bonne foi évidente. Il ne se croyait pas poursuivi par une manie. Depuis l’émotion qu’il avait éprouvée dans la chambre aux dames, il n’avait ja-