Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

êtres qui n’ont point de rapport entre eux. Cette fille du génie de Jean Goujon était belle par elle-même. La face était d’une sublime douceur. Elle semblait communiquer à la pensée un sentiment de repos et de bien-être analogue à la sensation de fraîcheur que procurait le murmure continu de ses eaux limpides.

Enfin madame d’Ionis arriva.

— Il y a du nouveau, me dit-elle en s’asseyant familièrement près de moi ; voyez l’étrange lettre que je reçois de M. d’Ionis…

Et elle me la montra avec un abandon qui m’émut vivement. J’étais indigné contre ce mari dont les lettres à une telle femme pouvaient être montrées sans embarras au premier venu.

La lettre était froide, longue et diffuse, l’écriture grêle et saccadée, l’orthographe très-douteuse. En voici la substance :

« Vous ne devez pas vous faire de scrupule de mener les choses jusqu’au bout. Je n’en ai aucun