Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sant à la comtesse, que vous regardez comme un avantage social considérable ? Vous serez encore satisfaite de ce côté-là. Le mien…

— Assez, assez, dit la comtesse vivement. Votre nom est illustre, votre fortune est nette, votre parole est sacrée ; mais Gaston connaîtra-t-il les grands avantages que vous lui faites avant de s’engager dans ce mariage disproportionné ?

— Oui, madame, il les connaîtra ce soir. J’ai déjà, je vous l’ai dit, commencé les démarches judiciaires, c’est-à-dire établi devant la loi la liberté de mon action pour donner et celle d’Espérance pour recevoir. Je ne lui en ai pas encore parlé, ne pouvant le faire sans votre assentiment, et ne pouvant, sans le sien, légaliser ma position vis-à-vis de lui,

— Ah ! mon Dieu, reprit la comtesse, que va-t-il croire en recevant votre nom ?

— Il croira que, n’ayant pas d’enfants et ne comptant pas me marier, j’adopte celui que j’ai élevé et que je chéris paternellement. La vérité est-elle si difficile à croire ?

— Mais sa mère, sa mère ? que pensera-t-il de sa mère ?

— Ce qu’une âme telle que la sienne regarde comme une loi sacrée. Il la chérira sans la juger, et cela n’est pas difficile non plus à une âme pure.

Je me permis alors d’émettre mon idée, celle que