Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/186

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choisit vers la fin de la liasse deux ou trois lettres et tomba d’emblée sur celle qu’il cherchait. Il me la présenta et m’invita à la lire. Elle était courte et portait ceci :

« Je ne le verrai donc pas cette année, mon pauvre enfant ! Oui, je sais bien que ces entrevues sont dangereuses pour moi comme pour toi, et qu’une imprudence me forcerait à les supprimer entièrement. Allons, pour l’amour de mon cher Roger, dont je ne veux pas être séparée, je me priverai de voir mon pauvre Gaston ! Ah ! ma chère Hélène, ma véritable amie ! dis à la baronne qu’elle tâche de le faire venir chez elle ; il fait si froid et la vie est si rude sur ce rocher de Flamarande ! Dis-lui qu’au moins elle s’informe de lui souvent, qu’elle soit une seconde mère pour lui et… »

Ici la lettre était coupée à la dernière ligne ainsi que la signature, et, en rajustant la ligne que j’avais coupée exactement sur l’original, et veille sur notre enfant, Rolande, M. de Salcède me fit voir que ce que j’avais pris pour un billet à son adresse n’était que la fin d’une lettre adressée à Hélène. Je me rappelai qu’à l’époque de ce billet, Hélène, qui avait une sœur placée chez la baronne, avait fait un voyage en Auvergne pour aller la voir. Chargée par la comtesse de s’informer d’Espérance, elle avait dû écrire qu’il allait bien, et que, Salcède ou