Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/190

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ce sentiment muet et respectueux qu’on m’accusera auprès des fils de M. de Flamarande ? L’un des deux, qui me connaît, répondra que mon silence honore sa mère ; l’autre sentira que je ne dois compte à personne des combats intérieurs dont j’ai su triompher. Allez donc, monsieur Charles, accusez-moi auprès de Roger d’avoir voulu introduire un étranger dans sa famille ; il ne le croira pas, à moins d’être corrompu avant l’âge. D’ailleurs, je saurai me disculper. Pensez-vous que j’accepterai en silence une imputation calomnieuse ? Non ; je dirai tout, si on m’y oblige, je dirai tout parce que je peux tout dire et que je n’ai rien à dire qui ne proclame la raison, la moralité et la chasteté de sa mère. Voyons, parlez ! que voulez-vous faire ? Je vous sais à présent capable de tout, et je ne chercherai pas à empêcher votre initiative dangereuse ; mais je vous surveillerai, je m’attacherai à vos pas, j’entendrai toutes vos paroles. Je serai là pour les expliquer et pour en démasquer l’imposture. Répondez-moi donc ! Que prétendez-vous faire ? Ce n’est pas le courage qui vous manque pour agir, vous l’avez prouvé en venant ici, croyant y trouver un homme capable de tout aussi pour vous empêcher de le démasquer. À présent, c’est moi qui vous invite à continuer votre œuvre de trahison et de délation ; mais vous n’agirez plus dans l’ombre, je vous en avertis, et c’est face à face avec moi qu’il vous faut reprendre la lutte.