Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/257

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hir, soit qu’il reconnût la haute raison de madame de Flamarande, elle ajouta :

— Faisons mieux, ôtons au monde tout prétexte de railler notre amitié et de l’empêcher de se montrer au grand jour. Je vous avoue que, pour moi, un simple sourire autour de nous serait une flétrissure dont je souffrirais mortellement. Ce que je vais vous proposer me permettra de vivre une grande moitié de ma vie entre vous, Gaston et Roger sans que personne en soit surpris. Épousez madame de Montesparre.

— J’y ai pensé, répondit Salcède ; mais elle exigerait l’amour, et je n’ai pour elle que l’amitié la plus loyale et la plus fervente, celle que vous m’accorderiez…

— Et dont vous ne vous contenteriez pas ? reprit la comtesse.

— Je l’avoue. Donc, la baronne…

— Attendez, Salcède ! Vous dites pourtant que vous y avez pensé, et moi, je vais vous dire pourquoi cette pensée vous est revenue souvent avec une sérieuse autorité. Vous avez fait mon long malheur sans le vouloir. Je ne peux pas m’en plaindre, et vous n’avez plus rien à réparer envers moi. Au contraire, c’est à moi de vous bénir, moi qui ai accepté comme un dédommagement qui m’était dû le sacrifice volontaire et gratuit de votre jeunesse. Il n’en va pas de même avec madame de Montesparre. Vous avez accepté, vous, son dévouement