Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/268

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— Oui, Roger, je sais ! Roger ne peut pas vous pardonner de l’avoir rendu coupable à ses propres yeux. Il a tort, il faut savoir tout pardonner à un homme qui a de grandes qualités. Il en reviendra ; le temps arrange tout.

— Roger a raison, je ne mérite pas qu’il me pardonne jamais. Je suis plus coupable que vous ne pensez.

— Je ne veux pas le savoir. Moi aussi, je me suis méfié de vous un instant. M. Alphonse m’a dit, en me parlant de vous : « L’homme est méticuleux, bizarre, méfiant et malheureux ; mais il est aimant et sensible. Son désintéressement orgueilleux frise l’héroïsme. » Cela me suffit pour vous plaindre et vous aimer. Qu’allez-vous faire à présent ?

— Mourir d’ennui et de chagrin, n’importe où.

— Non. Il faut venir vivre de travail utile et d’amitié paisible à Flamarande. Je ne suis pas aussi aimable que Roger ; mais, ayant été moins gâté je suis peut-être plus patient. Vous m’avez beaucoup aimé aussi dans mon enfance, vous m’aimerez encore, et je vais devenir votre filleul en épousant Charlotte ; vous voilà mon seul parent officiel. Je sais que M. de Salcède, qui a acheté encore beaucoup de terres autour du Refuge, et qui compte faire bâtir, avait l’intention de vous offrir la régie de ses propriétés au cas où vous quitteriez celle de Ménouville. Venez prendre possession. Allons, venez ! M. Alphonse et la baronne se sont