Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/59

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— J’ai à vous parler ; où pourrions-nous être seuls ?

Je reconnus madame de Montesparre et la priai de me suivre. Je lui fis traverser les étables et passai devant la crèche où jadis j’avais déposé Gaston. Dans cette saison, les animaux étaient encore avec les chiens dans les pâturages de la montagne. Au bout de l’étable s’ouvrait une porte donnant sur l’ancien parc. Quand nous fûmes assez loin des bâtiments :

— Monsieur Louvier, me dit la baronne, j’ai des choses très-délicates mais très-sérieuses à vous dire. C’est peut-être un peu tôt, c’est même beaucoup trop tôt, mais je ne puis différer. Il faut que je donne suite à un projet qui m’apparaît comme le meilleur de tous, le seul qui ne sacrifie personne… que moi ! Je sais combien on peut compter sur votre caractère et sur votre bon jugement. Vous avez ici la confiance de tous, je veux vous donner aussi la mienne, si vous voulez bien l’accepter.

Je répondis que cette confiance m’honorait infiniment, et madame de Montesparre, qui était fort animée, me parla ainsi :

— Je sais, monsieur Louvier, que vous avez eu connaissance des lettres écrites autrefois par moi à votre maîtresse, et qui furent interceptées par son mari. D’ailleurs, vous étiez chez moi au moment de la terrible dispute entre M. de Flamarande et