Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/73

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un petit sifflement discret son vieux chien, que je me hâtai de délivrer et qui alla la rejoindre.

Tout marchait au gré de mes souhaits. Gaston s’était engagé, et les vieux amis ne devaient pas le savoir. L’honneur autant que l’amour le retenait désormais à Flamarande. J’étais fatigué. Je me jetai sur mon lit tout habillé, pour être prêt à recevoir Roger, s’il arrivait dans la nuit. Il arriva en effet avant le jour, et le premier j’entendis la cloche secouée par sa main impatiente, dont je reconnus bien la vigueur. Je courus lui ouvrir et fus rejoint presque aussitôt par Ambroise, qui sortait de la vacherie, et par Michelin, qui accourait jambes nues et le bonnet à mèche au front. En même temps je vis s’éclairer les fenêtres du donjon ; madame avait entendu la cloche, elle se levait à la hâte.

Roger courut vers elle et la trouva sur l’escalier du donjon. Ils se dirent quelques mots en se donnant beaucoup de baisers ; puis Roger, qui avait pris un cheval de poste pour arriver plus vite, conjura sa mère de se rendormir jusqu’à l’heure de la triste cérémonie, et promit de dormir aussi le plus vite possible. Il était fatigué, étant peu habitué à courir la poste en personne. Je le conduisis à sa chambre, où Michelin nous laissa seuls, tandis que Ambroise s’occupait des chevaux et du postillon. J’avais préparé du thé, du rhum et quelques victuailles froides auxquelles mon cher enfant fit