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Sixième veillée

voilà qui reconnaît la voix de ses gardiens et tu n’en aurais pas bon marché maintenant.

Il disait vrai ; le clairin avait dressé les oreilles en avant pour écouter, puis, les couchant en arrière, ce qui est une grande marque de dépit, il se mit à hennir, à se cabrer, à ruer, ce qui mit toutes les mules en danse autour de nous, si bien que nous n’eûmes que le temps de nous en retirer, laissant partir le tout, bride avalée, du côté des chiens.

Je n’étais guère content de céder, et comme les chiens, après avoir rassemblé leur troupeau enragé, faisaient mine de venir sur nous pour nous demander nos comptes, je fis celle d’abattre d’un coup de fusil le premier des deux qui me porterait la parole.

Mais Joset alla au-devant de lui et s’en fit reconnaître.

— Ah ! Satan, lui dit-il, vous êtes en faute. Vous vous êtes amusé à courir quelque lièvre dans les blés, au lieu de garder vos bêtes, et quand votre maître se réveillera, vous serez corrigé si vous n’êtes pas à votre poste, avec Louveteau et le clairin.

Le chien Satan, connaissant qu’on lui faisait reproche de sa conduite, obéit à Joset, qui l’appela vers une grande friche, où les mules pouvaient pâturer sans faire de dommage, et où Joseph me dit qu’il resterait à les garder jusqu’au retour de leur maître.

— C’est égal, Joset, lui dis-je, ça ne se passera pas si tranquillement que tu crois, et si tu ne veux me dire où est caché le maître de ces mulets, je resterai là à l’attendre aussi, pour lui dire son fait, et demander réparation du tort qu’il m’a causé.

— Je vois bien, reprit Joseph, que tu ne sais pas la vie des muletiers, puisque tu crois si commode d’en avoir raison ; et, de vrai, c’est, je crois, la première fois qu’il en passe par ici. Ce n’est point leur chemin, puisque, d’ordinaire, ils descendent des bois du Bourbonnais par ceux de Meillant et de l’Épinasse, pour

M.S
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