manderez ; mais si vous restez, je resterai aussi, à condition que vous m’occuperez pour votre service.
— Je n’ai besoin d’aucune aide, répondit Thérence, et vous, vous n’avez besoin d’aucun ouvrage pour vous désennuyer.
— Pourquoi donc cela, ma mignonne ?
— Parce que vous êtes avec votre ami, et, comme je pourrais être de trop dans toutes les choses que vous avez à vous dire, je sortirai si vous souhaitez rester, je resterai si vous souhaitez sortir.
— Cela ne ferait ni le compte de Joset ni le mien, dit Brulette avec un peu de malice. Je n’ai point de secrets à lui dire, et tout ce que nous avions à nous raconter, nous y avons donné la journée d’hier. À cette heure, le contentement que nous avons d’être ensemble ne peut que s’augmenter de votre compagnie, et nous vous la demandons, à moins que vous n’en ayez une meilleure à nous préférer.
Thérence resta indécise, et la manière dont elle regarda Joseph fit voir à Brulette que sa fierté souffrait de la crainte d’être importune. Sur quoi, Brulette dit à Joseph : — Aide-moi donc à la retenir ! Est-ce que tu n’en seras pas content ? Ne disais-tu pas, tout à l’heure, que nous étions tes deux anges gardiens ? Et ne veux-tu pas qu’ils travaillent ensemble à ton salut ?
— Tu as raison, Brulette, dit Joseph. Entre vos deux bons cœurs, je dois guérir plus vite, et si vous vous mettez deux à vouloir bien m’aimer, il me semble que chacune de vous m’en aimera davantage, comme quand on se met à la tâche avec un bon compagnon, qui vous donne de sa force pour redoubler la vôtre.
— Est-ce donc moi, dit Thérence, qui serai le bon compagnon dont votre payse a besoin ? Allons, soit ! Je vas prendre mon ouvrage, et je travaillerai ici.
Elle alla quérir du linge taillé en chemise, et se mit à le coudre. Brulette voulut l’aider, et, comme elle s’y refusait : — Alors, dit-elle à Joseph, donne-moi tes