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les sept cordes de la lyre

de la terre ; je ne veux plus voir le soleil, je ne veux plus entendre aucun bruit humain. Que personne ne me parle plus… Je veux arracher mes yeux, je veux être enfouie comme la taupe, endormie comme la chrysalide.

Albertus. Hélène, éloigne-toi de moi, accable-moi de ta haine, je suis l’auteur de tous tes maux… J’ai voulu ôter à la lyre…

Hélène. Ne me parlez plus de lyre, la lyre est brisée. Je l’ai jetée au vent… Vous ne la reverrez plus… Hanz, mon frère, emmenez-moi… Cet endroit me donne le vertige du désespoir.

Albertus. Emmenez-la bien vite, mes enfants, je vous suis.




Scène II. — Sur la place publique. GROUPE DE BOURGEOIS.


Un bourgeois. La musique a cessé ! Vraiment, c’est une chose merveilleuse, et de mémoire d’homme il ne s’est vu rien de pareil.

Second bourgeois. Qu’avez-vous donc à vous récrier ainsi, voisin ? Est ce que le sucre a encore baissé ?

Une vieille dame. Un miracle, monsieur, un miracle véritable !

Le second bourgeois. Le café ne paye plus les droits ?

La dame. Non, monsieur, l’archange de la cathédrale a joué de la trompette.

Troisième bourgeois. Quel archange ? quelle trompette ?