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les sept cordes de la lyre

de la terre ; je ne veux pas perdre le sentiment de l’infini. Ô mon Dieu ! aie pitié, car je souffre ; aime-moi, car je t’aime ; donne-moi ta vie, car je… (La corde d’airain se brise avec un bruit terrible. Hélène tombe morte, et Albertus évanoui.)

Les esprits célestes. Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes dont le cœur est pur ! Esprit notre frère, ton épreuve est finie ; fille de la lyre, ta foi est récompensée. Venez à nous, ô enfants de l’amour ! qu’un céleste hyménée vous unisse pour l’éternité ! Gloire à Dieu au plus haut des cieux !

L’esprit de la lyre. Où suis-je et que vois-je ? Je me réveille dans les cieux, et ma vue embrasse l’infini ! La lumière céleste et l’amour impérissable me sont rendus. Ô fille de la lyre, ta foi m’a sauvé ; viens partager la liberté infinie et l’éternelle joie ! Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! (Hélène s’envole vers les cieux avec l’Esprit de la lyre et les esprits célestes.)

albertus, se relevant, ramasse la lyre et court avec égarement autour de la chambre. La lyre brisée, Hélène morte, morte ! Hélène ! Hélène ! où es-tu ? Je suis ton assassin ! Hélène ! Hélène ! je veux me tuer !… Laissez-moi me tuer !…

méphistophélès Ne se tue pas qui veut, mon maître ; il vous faut bien expier cette petite faute. Vous vivrez, s’il vous plaît, mais en société avec moi, en compagnie avec le désespoir.

albertus. Ah ! encore cette horrible apparition. Qui es-tu, esprit de ténèbres, image de la perversité, de l’athéisme et de la douleur ? Je ne puis soutenir ta