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Page:Sand - Les Sept Cordes de la lyre.djvu/205

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lettres à marcie

droits, n’en doutons pas, car elles subissent des injustices. Elles doivent prétendre à un meilleur avenir, à une sage indépendance, à une plus grande participation aux lumières, à plus de respect, d’estime et d’intérêt de la part des hommes. Mais cet avenir est entre leurs mains. Les hommes seront un jour à leur égard ce qu’elles les feront : confiants quand les femmes seront dignes de confiance, généreux et fidèles lorsque, dans leurs âmes aigries, de folles exigences ou d’injustes révoltes ne refouleront pas tout bon mouvement. Si les femmes étaient dans une bonne voie et dans de saines idées, elles auraient certainement meilleure grâce à se plaindre de la rigidité de certaines lois et de la barbarie de certains préjugés. Mais qu’elles agrandissent leur âme et qu’elles élèvent leur intelligence avant d’espérer faire fléchir le cercle de fer de la coutume. En vain elles se rassembleront en clubs, en vain elles engageront des polémiques, si l’expression même de leur mécontentement prouve qu’elles sont incapables de bien gérer leurs affaires et de bien gouverner leurs affections. Hommes et femmes, ne murmurons pas trop contre notre abaissement et notre servitude ! la faute en est à nous-mêmes ; si nous sommes avilis, c’est que nous n’avons pas la force de la vertu. C’est notre corruption qui fait notre esclavage, et, quand nous régnerons sur nos propres volontés, nous verrons tomber en poussière les volontés brutales et les résistances inintelligentes.

Mais vous, Marcie, vous n’êtes pas une de ces femmes vaines et bornées qui aspirent à des honneurs puérils. Vous avez la conscience d’une valeur réelle, vous êtes accablée de votre inaction. La vie de famille vous est