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lettres à marcie

si fourvoyé, et à la discussion déjà si déplorable des intérêts du pays, toutes les femmes que nous ne connaissons pas, et même les premières d’entre celles que nous connaissons le mieux. Ainsi, quant à vous, grande âme cachée, sachez vous effacer, sachez vous anéantir plutôt que de désirer, pour satisfaire un besoin personnel, que le genre humain fasse un acte de démence.

Mais, pardonnez-moi, Marcie ; vous êtes malheureuse, et je me laisse aller à l’ironie au lieu de chercher à vous consoler ; je discute au lieu de verser sur votre front abattu les larmes de la sympathie et le baume de l’amitié. Je cherche le côté faible de votre raison, le côté malade de votre cerveau, sans songer que, plus vous serez malade et faible, plus je serai coupable et grossier de vous le faire sentir. Je vous le dis humblement, pardonnez-moi ; mais sérieusement, je vous dis : préservez-vous de ces ambitions folles. Les femmes ne sont pas propres aux emplois que jusqu’ici les lois leur ont déniés. Ce qui ne prouve nullement l’infériorité de leur intelligence, mais la différence de leur éducation et de leur caractère : ce premier empêchement pourra cesser avec le temps ; le second sera, je pense, éternel. Toujours, quel que soit le progrès de la raison superbe, le cœur des femmes sera le sanctuaire de l’amour, de la mansuétude, du dévouement, de la patience, de la miséricorde, en un mot des reflets les plus doux de la Divinité et des inspirations indestructibles de l’Évangile. Ce sont elles qui nous conserveront à travers les siècles les traditions de la sublime philosophie chrétienne. Ce sont elles encore aujourd’hui qui, au milieu du débordement de nos passions grossières, sauvent, à