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lettres à marcie

développé et en même temps si délicat chez elles. Il y a dans ce luxe d’organisation quelque chose de trop excitable et qu’il serait bon peut-être de contenir ou de modifier. Il faudra que les femmes sachent renoncer à faire du culte un spectacle. Il serait bon déjà, pour celles qu’une foi naïve et sans doute respectable ne tient plus sous le joug des pratiques minutieuses, de s’habituer à un culte plus mâle, à des communications plus directes, plus intimes avec la Divinité.

Encore une fois, je n’oserais arracher du pied des autels une âme croyante et soumise, pour l’initier à un examen dont elle n’aurait pas senti le besoin. Mais à vous, Marcie, qui avez cru devoir secouer la poussière du parvis sur les dernières marches de l’église, je crois pouvoir vous donner un conseil qui me semble faire partie de la sagesse du siècle présent : c’est de ne vous astreindre à aucune formalité aveugle, et pourtant de vous faire des habitudes soutenues et une règle constante dans l’exercice de la foi. Prière en inspiration, méditation, lecture, examen quotidien de la conscience, travail assidu pour combattre les mauvais penchants et tendre à la perfection. C’est de ne fermer l’oreille ou l’esprit à aucune nouvelle philosophie, de quelque forme qu’elle soit revêtue. Il est important, à une époque où tout cherche à réorganiser les lois de la conscience, de connaître et de juger tous les efforts qui tendent à ce but de bonne foi. Chaque siècle porte en soi les germes qui doivent en se développant alimenter les siècles futurs. C’est donc encore un devoir pour tout être intelligent d’examiner et d’analyser ces germes avant qu’ils éclosent, afin de séparer l’ivraie du bon grain, et d’aider à la fécon-