Page:Sand - Les Sept Cordes de la lyre.djvu/228

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
218
lettres à marcie



V


Chère Marcie, je suis profondément touché de la déférence que vous accordez à mon avis, et je serais aujourd’hui plein d’orgueil, s’il y avait pour vous dans mon cœur place à un autre sentiment que l’affection. Il faut qu’en cherchant de bonne foi quelle était pour vous la meilleure destinée, j’aie rencontré juste en quelque point, car votre réponse est remplie d’une confiance qui m’honore et d’une émotion qui me pénètre. Que tout l’honneur en revienne à la vérité dont la puissance se manifeste quelquefois par les organes les plus indignes !

Mais vous allez plus loin que je ne voudrais ; en plus d’un endroit, vous avez mal saisi le sens de mes paroles (la faute en est à mon insuffisance), ou bien votre esprit ardent et généreux s’est élancé au delà de ma pensée, et la faute en est encore à moi, car j’aurais dû prévoir qu’avec une âme comme la vôtre, il y aurait excès de force dans l’enthousiasme, comme il y avait un excès de sensibilité dans la douleur.

Non, mon amie, jamais ma pensée n’a été de vous amener à un renoncement éternel, et, si je n’espérais obtenir encore un peu de votre confiance, je serais effrayé de voir éclore en vous ce dessein extrême. Mais vous y réfléchirez et vous ne prononcerez pas un vœu téméraire, insensé, dans la position où vous êtes.