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Page:Sand - Les Sept Cordes de la lyre.djvu/280

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le dieu inconnu

répondu que les dieux infernaux n’existaient plus, que Cerbère avait été étouffé par la Volupté, et que les Furies elles-mêmes étaient devenues faciles depuis que Plutus s’était partagé avec Priape et Comus l’empire de la terre.

» Voilà où nous en sommes, ô Dieu inconnu ! Les hommes ne croient plus à la justice des cieux, et les bacchantes effrontées insultent les tristes vestales. Lucine ne protège même plus la dignité des épouses et des mères, et les autels de Cypris ne sont plus desservis que par les ménades échevelées. Et cependant, les femmes n’existent que pour aimer et pour être aimées. Que deviendront celles que l’amour seul conduit à la couche de roses, si l’or crée des plaisirs plus âpres, et si les lupanars de Rome savent des secrets que nous ignorons ? Nos hommes nous préfèrent d’impures concubines : faudra-t-il que, pour les remplacer, nous appelions nos esclaves à nos embrassements ? Plus d’une parmi nous n’a pas rougi de le faire, et s’est abandonnée à de monstrueuses orgies, pour échapper à la solitude de son palais et à la rage de son amour outragé. Et cependant, la femme est faible, ô Dieu puissant ! et d’elle-même elle n’est point portée à quitter la première l’appui qu’elle s’est donné. L’honneur lui rend l’infidélité dangereuse et la lui fait expier par la honte. C’est donc l’homme que je viens accuser devant toi, Nazaréen ! c’est mon époux, c’est Icilius, c’est Antoine, c’est tous ceux que j’ai aimés en vain que je viens dénoncer à ta justice ; venge-moi d’eux, ou fais que je les oublie et que j’entre dans l’indifférence de la vieillesse. Si j’ai perdu une partie de ma beauté, et qu’en la retrouvant je retrouve la foi de ceux qui m’ont trahie, rends-moi