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les sept cordes de la lyre

taillant, afin d’y faire jouer l’éclat du prisme. Fais de toi-même une surface si limpide, que le rayon de l’infini te traverse et t’embrasse, et réduise ton être en poussière, afin de t’assimiler à lui et de te répandre en fluide divin dans son sein brûlant, toujours dévorant, toujours fécond. (La lyre se tait.)

chœur des esprits célestes. Écoute, écoute, ô fille de la lyre ! les divins accords de la lyre universelle. Tout cet infini qui pèse sur ton être, et qui l’écrase de son immensité, peut s’ouvrir devant toi, et te laisser monter comme une flamme pure, comme un esprit subtil ! Que tes oreilles entendent et que tes yeux voient ! Tout est harmonie, le son et la couleur. Sept tons et sept couleurs s’enlacent et se meuvent autour de toi dans un éternel hyménée. Il n’est point de couleur muette. L’univers est une lyre. Il n’est point de son invisible. L’univers est un prisme. L’arc-en-ciel est le reflet d’une goutte d’eau ; l’arc-en-ciel est le reflet de l’infini : il élève dans les cieux sept voix éclatantes qui chantent incessamment la gloire et la beauté de l’Éternel. Répète l’hymne, ô fille de la lyre ! unis ta voix à celle du soleil. Chaque grain de poussière d’or qui se balance dans le rayon solaire chante la gloire et la beauté de l’Éternel ; chaque goutte de rosée qui brille sur chaque brin d’herbe chante la gloire et la beauté de l’Éternel ; chaque flot du rivage, chaque rocher, chaque brin de mousse, chaque insecte chante la gloire et la beauté de l’Éternel !

Et le soleil de la terre, et la lune pâle, et les vastes planètes, et tous les soleils de l’infini avec les mondes innombrables qu’ils éclairent, et les splendeurs de l’éther étincelant, et les abîmes incommensurables de l’empyrée, entendent la voix du grain de sable qui