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les sept cordes de la lyre

roule sur la pente de la montagne, la voix que l’insecte produit en dépliant son aile diaprée, la voix de la fleur qui sèche et éclate en laissant tomber sa graine, la voix de la mousse qui fleurit, la voix de la feuille qui se dilate en buvant la goutte de rosée ; et l’Éternel entend toutes les voix de la lyre universelle. Il entend ta voix, ô fille des hommes ! aussi bien que celle des constellations ; car rien n’est petit pour celui devant lequel rien n’est grand, et rien n’est méprisable pour celui qui a tout créé !

La couleur est la manifestation de la beauté ; le son est la manifestation de la gloire. La beauté est chantée incessamment sur toutes les cordes de la lyre infinie ; l’harmonie est incessamment vivifiée par tous les rayons du soleil infini. Toutes les voix et tous les rayons de l’infini tressaillent et vibrent incessamment devant la gloire et la beauté de l’Éternel !

albertus. D’où vient donc qu’Hélène semble écouter des sons inappréciables à mon oreille ? La lyre est muette, et cependant Hélène est ravie en extase, comme si quelque chose planait sur elle en lui parlant… La voici qui reprend la lyre, comme pressée de répondre. Qu’a-t-elle donc entendu ? (la lyre résonne.)

l’esprit de la lyre. Ô mes frères ! parlez encore à la fille des hommes ! Aidez-moi à l’instruire, afin qu’elle me connaisse, qu’elle m’aime et qu’elle me délivre. Faites-lui comprendre les mystères de l’infini, et la grandeur et l’immortalité de l’homme, cet atome divin que le souffle de Dieu aspire sans cesse pour nourrir et peupler un autre abîme de l’infini. (La lyre se tait.)