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les sept cordes de la lyre

un amour céleste peut lui inspirer de s’offrir pour toi en holocauste, et d’assumer sur elle l’expiation à laquelle tu es condamné. (Hélène cesse de jouer. La lyre résonne d’elle-même.)

l’esprit de la lyre. Je t’ai entendue, je t’ai vue, ô vierge immaculée ! Tu me comprends, tu me parles, ton être s’est révélé à moi ! Dieu l’a permis. Tu m’aimes ! et moi aussi, je t’aime ; car je te vois, et tu me sembles la plus belle des étoiles. Oh ! qu’un hymen céleste nous rassemble ! Unies pour jamais, fondues l’une dans l’autre, nos âmes iront habiter l’infini des mondes.

hélène, laissant tomber la lyre sur les coussins. Assez ! laisse-moi. Ton embrassement me consume, je succombe… (Elle tombe évanouie.)

albertus. Voici la crise cataleptique où elle tombe tous les jours, à la même heure, après avoir fait résonner la lyre… Ce sommeil qui ressemble à la mort, cet accablement qui m’effrayait tant les premières fois, ne me cause plus de trouble. Il répare ses forces et semble une fonction naturelle de cette organisation particulière. Je vais appeler sa gouvernante et me livrer en secret à l’examen de la lyre.




Scène II. — Dans le cabinet de maître Albertus. ALBERTUS, HANZ. Albertus est assis devant sa table ; la lyre est posée devant lui, parmi des livres et des papiers épars.


albertus. La musique est une combinaison algébrique des divers tons de la gamme, propre à égayer l’esprit d’une manière indirecte, en chatouillant agréablement les muscles auditifs ; chatouillement qui réagit sur le système nerveux tout entier.