veur et aux touristes installés à Luz. Il avait un joli jardin, un domestique, et deux belles vaches. On venait déjeuner ou goûter chez lui : il nous dit qu’il gagnait là beaucoup d’argent, qu’il en gagnerait davantage si nous voulions l’aider à bien recevoir et à bien traiter la clientèle, et qu’il en gagnerait toujours plus, parce que les eaux étaient de plus en plus fréquentées. En un mot, ce petit établissement était, selon lui, un avenir sérieux.
Ma mère eut l’air de le croire, et en effet il nous vint beaucoup de monde, des gens riches qui payaient très-cher une tasse de lait ou une omelette, et qui ne marchandaient point.
Nous nous mîmes de grand cœur à la besogne. Ma mère faisait la cuisine, ma sœur, s’occupait du laitage ; moi, je courais de tous côtés pour l’approvisionnement. J’allais acheter des truites, du gibier, des œufs, des fruits. Il fallait aller assez loin, la montagne ne suffisait pas à la consommation faite par ces étrangers. Cette vie active au milieu d’un pays splendide me passionnait. En bien peu de temps, je devins aussi solide, aussi leste, aussi hardi que si j’eusse été élevé en montagnard. La saison des bains finissait avec mes vacances. Mon père nous ramena à Pau et repartit peu de temps après pour Bayonne,