Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/101

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à la décision prise. Est-ce pour causer ou est-ce avec réflexion que vous m’avez dit tantôt sur la montagne par quel régime je pouvais, sinon guérir, du moins me conserver ?

— C’est avec réflexion et par suite d’une conviction arrêtée.

— Alors vous êtes en complet désaccord avec mon médecin, et je vous donne raison parce que son régime me débilite et qu’en faisant des efforts contraires à ses prescriptions je me suis toujours rétabli. C’était un jeune homme aimable et distingué que j’avais attaché à ma pauvre personne et qui me suivait dans mes voyages. Nous nous sommes séparés par suite de ce désaccord. Je crois qu’il était las de cette vie errante, qu’il eût voulu me voir fixé dans une grande ville où il se fût fait une clientèle. C’était son droit, et pourtant je ne crois pas qu’il gagne au choix qu’il a fait. Il avait chez moi dix mille francs par an d’honoraires ; c’était une position pour un jeune homme, et il était libre de me quitter le jour qu’il voudrait.

— Vous pensez, repris-je, qu’il s’est trompé sur la nature des soins à vous donner ? Pourtant, avant de partager absolument votre opinion, il me faudrait vous connaître et vous examiner davantage, il me faudrait avant tout vous ausculter.