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Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/148

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soin d’aimer vous consume. Vous êtes une nature passionnée ; voulez-vous que je vous marie ? Je prendrai des informations, et, si cet homme qui vous plaît est honorable…

» — Non ! m’écriai-je, il ne me plaît pas, je ne l’aime pas, je ne veux pas l’épouser ; j’en aime un autre.

— Qui donc ? encore l’officier ?

» — Non, non ! un autre qui ne le saura pas, à qui je ne le dirai pas, mais que j’aimerai toute ma vie !

» — Fort bien, reprit sir Richard, qui, bien plus pénétrant que je ne l’avais jugé, m’avait devinée ; mais cet autre, quelle garantie de fidélité lui apporteriez-vous ? Ne seriez-vous pas émue par un autre encore, par le premier qui vous parlera d’amour ? Tenez, vous avez trop de tendresse au service de l’occasion. Je vous conseille de ne jamais promettre à personne de l’aimer, car il n’est pas en votre pouvoir de tenir parole !

» Je méritais ses reproches, mais sa sévérité n’était pas faite pour encourager mes confessions, et il me laissa en me disant que c’était à moi de me délivrer moi-même des poursuites du maître de musique. Si j’y parvenais sans l’aide de personne, il aviserait.

« Je pleurai encore beaucoup, cependant quelque chose me consolait. Il me semblait qu’il y avait plus de