Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/199

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— Avec facilité, je trouve ! Il y a une heure, c’était un désespoir…

— J’étais lâche, mais je ne le suis pas toujours. Comprenez mieux ma situation morale. Je ne suis pas éprise de sir Richard, comme vous vous l’imaginez. Je l’aime, oh ! oui, je l’aime, comme mon père s’il veut n’être que mon père, comme mon mari s’il veut que je sois sa femme, c’est-à-dire que la tendresse qu’il me demandera, je la lui donnerai sans regretter trop celle qu’il ne me demandera pas.

— Vous êtes sûre de ne pas la regretter ?

— Je suis sûre d’arriver à cela avec un peu de temps ; je ne suis pas forte, mais je suis douce, je me soumets toujours. À présent, j’en ai l’habitude, et cela me coûte de moins en moins.

— Et vous pensez n’être plus malade quand vous aurez pris votre parti ?

— Je l’espère ; et qu’importe d’ailleurs que je sois un peu plus ou moins souffrante ? On s’habitue au devoir. Le mien est de complaire à Richard, de le rendre heureux comme il l’entendra.

— Même d’être sa maîtresse, s’il le désire ?

— Non, il ne le désirera pas. S’il avait un moment d’égoïsme, il ne serait plus lui-même.

— Pourtant, s’il l’exigeait ?