Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/277

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ment proscrites. On a été au théâtre, et on ne s’en est pas mal trouvé. Enfin, on guérira probablement, je dirais certainement, si on pouvait compter sur un avenir quelconque dans les choses humaines. Ne t’alarme donc plus, « ton amour ne lui a pas donné la mort » ! C’était une belle phrase, et je la regrette pour toi. Tu n’auras plus occasion de la placer dans le récit de ta romantique destinée.

« Mais cette guérison, que tu redoutes autant que tu la souhaites, ne compromettra pas ton avenir, je l’espère. L’odalisque n’a pas été si amoureuse de toi qu’il t’a semblé, ou bien elle a cédé à un caprice de l’imagination, comme tu cédais à la fougue de la jeunesse. Je crois qu’elle aime réellement M. Brudnel plus que tout au monde, ce qui me prouve qu’elle a plus de cœur que de sens. M. Brudnel l’épousera-t-il ? Je ne sais. Il le promet maintenant, il s’en fait un devoir ; mais je commence à douter qu’il ait de l’amour pour elle. Il a passé l’âge des entraînements. Quel que soit le dénoûment, cela ne regarde plus qu’eux, et nous n’avons pas à nous en préoccuper.

» Présente à ta mère et à ta sœur mes plus profonds et affectueux respects. »

Après cette lettre, je me sentis heureux et libre comme je ne l’avais jamais été ; il semble qu’il faille