Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/285

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serins, ses pots de fleurs et ses colombes en miniature. Jeanne lui donna une pièce de monnaie, et, avisant sur l’inventaire un amorino en tunique rose avec un flambeau, elle demanda gaiement à la marchande si c’était l’Amour ou l’Hyménée.

— C’est les deux, répondit la vieille en le lui présentant. Prenez-le, ma belle demoiselle, il vous portera bonheur.

— Je le prends, merci, dit Jeanne.

Et elle le mit dans sa poche, où elle l’oublia aussitôt, car nous rencontrâmes des personnes amies qui nous abordèrent et nous suivirent une partie du chemin.

Mais le chapitre de l’amour, fortuitement interrompu, fut fortuitement repris à la fin de notre dîner. Jeanne, cherchant une clef dans sa poche, y retrouva l’amorino moitié plâtre, moitié, sucre, et, le posant sur une orange :

— Ceci, nous dit-elle gaiement, vous représente l’amour tyran du globe terrestre.

— Et tu persistes, lui dis-je, à le mépriser profondément ?

— On ne doit pas mépriser, répondit-elle, ce qui vous a fait peur ; mais on le juge, et j’ai envie d’instruire le procès de ce Cupidon pâle et bouffi.

— Voyons ! je suis curieux de ton jugement.