par son père. Nous chérissions cette enfant comme nous eussions chéri celle que j’avais perdue. Bielsa l’appelait, tu t’en souviens, la fille de son cœur. Par la suite, divers hasards nous ont fait savoir que M. Brudnel avait reparu à Londres après une longue et cruelle maladie, et qu’ensuite il était parti pour de grands voyages. C’est toi qui m’as fait connaître son retour par la singulière coïncidence de votre rencontre aux Pyrénées et de votre subite sympathie réciproque.
Ma mère ayant terminé là son récit, je lui demandai de m’expliquer comment sir Richard avait retrouvé sa fille et comment il l’aimait tant, après avoir si longtemps oublié volontairement son existence. Je voyais dans cette soudaine tendresse plus de caprice que de véritable sentiment paternel. Comment se faisait-il, d’ailleurs, que mon nom ne l’eût pas frappé lorsque nous avions fait connaissance au Bergonz ? C’eût été une bonne occasion de s’informer au moins de ce qui concernait la mort de madame de Mauville, et il eût dû aller sur-le-champ questionner la personne qui lui avait été si attachée.
— Il y a à cela une raison bien simple, répondit ma mère : c’est que M. Brudnel, qui avait connu Adèle Moessart, fille du régisseur de Mauville, n’avait ja-