comme neige. On la disait victime de la haine de sa belle-mère et de la jalousie insensée de son mari. On assurait qu’elle n’avait jamais eu de relations avec sir Richard Brudnel, absent du pays à l’époque où le marquis avait tué dans son parc un braconnier qu’il prenait pour un rival. On ajoutait des détails que je ne pus vérifier. On accusait une des belles-sœurs de Fanny d’avoir eu dans le château une intrigue sérieuse qui avait égaré les soupçons du marquis sur sa malheureuse femme. Enfin, l’opinion était unanime en faveur de celle-ci, et ses relations avec mes parents à l’époque de sa mort avaient passé inaperçues dans une grande ville où nous avions tenu si peu de place. Il eût fallu une enquête pour retrouver les circonstances dont nous redoutions le rapprochement, et cette enquête, personne au monde n’avait de motifs pour la faire ou la demander. Presque toute la famille de Mauville avait disparu. La terre avait été vendue, et aucune personne de ce nom n’habitait plus le pays.
De Bordeaux, je me rendis à Marmande, où mon nom était complétement inconnu, et je trouvai la même version encore plus arrêtée avec des détails, vrais ou non, encore plus défavorables au marquis, à sa mère et à ses sœurs. Quelques personnes se souvenaient de mademoiselle Moessart, digne et douce