Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/72

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îque l’on tint à m’éclairer sur son compte, — les hommes en parlaient comme d’une perle de beauté et la plaignaient d’avoir eu un tel père. On ne savait pas ce qu’elle était devenue, il y avait plusieurs versions, mais il n’y avait point de doute à conserver : elle avait pris le mauvais chemin ouvert devant elle.

Je revins à Panticosa, où je passai quelques heures. Pour l’acquit de ma conscience, je tenais à m’y informer aussi ; mais je vis bien vite que je tombais dans un nid de contrebandiers qui craignaient de répondre et se méfiaient de moi. S’ils avaient eu à se plaindre de Perez, ils avaient été trop complices de ses entreprises pour le trahir. Ils détournaient les questions que je leur adressais sur son compte et s’obstinaient à me parler de la gentille Manuelita, belle, douce et bonne, qui faisait du bien et disait de jolies paroles à tout le monde, quand elle habitait le pays, avant d’aller au couvent de Pampelune. On ne l’avait pas vue depuis ; on pensait qu’elle était mariée avec quelque grand d’Espagne.

Je revins à pied par la montagne. Je passai à Luz pour recevoir l’argent du fermier de l’auberge du Bergonz. Là, je respirai un peu. Je ne craignais point d’entendre parler de mon pauvre père ; il n’y était connu que sous d’excellents rapports. Je vis qu’il était