Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/84

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était Française et appartenait à cet Anglais, dont elle n’était pourtant pas la fille, elle ne lui ressemblait pas et ne faisait que bégayer sa langue. Elle pouvait être aussi bien sa maîtresse que sa femme ; mais alors c’était une maîtresse de choix, car il la suivait pas à pas, lui offrant la main pour gravir une pierre, et se baissant, encore qu’il ne fût pas bien souple, pour écarter une branche de son chemin.

Je m’étonnai de les voir encore là, se promenant autour de la bergerie et paraissant attendre Le berger m’apprit tout bas qu’un des porteurs se trouvait subitement malade et me pria d’entrer dans l’étable, où il s’était jeté sur la litière et se roulait, en proie à une crampe d’estomac très-violente. Il me suppliait de ne pas le dire à ses voyageurs.

— Cela va se passer, disait-il ; cinq minutes de repos, et je me remets en route.

Je le connaissais ; je le savais sujet à ces crampes qui ne passaient pas si aisément. Je lui défendis de se remettre en route. Je lui donnai un calmant que j’avais dans ma trousse, et je conseillai à son camarade de descendre à l’auberge, où il trouverait peut-être un autre porteur : moi, je me chargeai d’aller expliquer aux voyageurs l’accident qui les retardait.

— Eh bien, dit la jeune dame, nous monterons à